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 SIDNEY → un jour au mauvais endroit

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Sidney E. Harris
Sidney E. Harris

Messages : 22
Date d'inscription : 31/12/2014


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MessageSujet: SIDNEY → un jour au mauvais endroit   SIDNEY → un jour au mauvais endroit EmptyMer 31 Déc - 18:41




Sidney Emily Harris

NOM ☞ Harris, cette famille assez spéciale, qui garde certaines choses sous silence, parce que c'est plus facile. Cette famille qui ne parle pas de la guerre, de tout ce qui ne va pas dans le monde. Cette famille qui préfère sourire sous n'importe quel prétexte. Cette famille qui ne la comprend pas depuis son retour. PRÉNOM ☞ Sidney, comme la ville, ouais. Elle n'a jamais demandé pourquoi, histoire d'éviter la mauvaise surprise du "c'est parce qu'on t'a conçu là-bas". Et Emily, comme second prénom, mais bon, elle ne trouve pas que cela serve à grand chose de toute manière, donc elle se moque un peu de la signification de ce choix. ÂGE ☞ vingt-huit ans. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ☞ née le 12 janvier 1986 à Manchester. PROFESSION ☞ infirmière militaire. Elle a été dans des structures médicales installées mais aussi directement au front, en plein milieu du champ de bataille, en plein milieu de l'action. Sid en a vu des horreurs, elle a entendu des dernières prières, des dernières paroles à vous briser le coeur. Elle en a sauvé des hommes, et en a perdus d'autres. Surtout un en particulier... Mais on l'a renvoyé chez elle, suite au stress post-traumatique qu'a causé cette perte. Elle est en arrêt maladie, du coup. Le problème, c'est que la vue du sang lui est impossible à supporter maintenant, tout comme la douleur, et qu'elle n'est pas certaine de pouvoir redevenir infirmière un jour. ORIENTATION SEXUELLE ☞ totalement hétérosexuelle. STATUT SOCIAL ☞ hum, amoureuse d'un fantôme ? Dit comme ça, c'est bizarre, mais tourner la page est plus difficile qu'il n'y paraît et personne ne peut vraiment comprendre... Autrement dit, elle est célibataire. AVATAR ☞ Gemma Arterton.


☞ i am what i am

serviable ҩ un peu têtue ҩ attentionnée ҩ un peu fonceuse ҩ douce ҩ sur la réserve ҩ apaisante ҩ curieuse ҩ calme ҩ prend les choses trop à coeur ҩ généralement optimiste ҩ parfois un peu trop obstinée quand elle a une idée derrière la tête ҩ discrète ҩ émotive ҩ à l'écoute ҩ naïve ҩ réfléchie ҩ un peu casanière ҩ posée ҩ bavarde ҩ simple ҩ rancunière ҩ généreuse ҩ a du mal à passer à autre chose, à tourner la page ҩ trouve souvent les bons mots ҩ vit plus dans la passé que dans le présent ҩ compréhensive ҩ ne s'ouvre pas facilement quand ça concerne la guerre

la guerre a toujours été un sujet tabou dans sa famille, mais elle s’est tout de même lancée dans une carrière d’infirmière militaire ҩ ses parents lui en ont voulu au début, et quand ils ont réalisés qu’ils ne la reverraient pas pendant de longues périodes, c’est finalement ça qu’ils ont eu du mal à digérer ҩ elle a un frère aîné, marié et père de famille, qui réussit dans sa vie, et qui est le modèle de la famille ҩ elle ne pensait pas tomber amoureuse d’un soldat sur le front, mais c’est pourtant ce qu’il lui est arrivé ҩ il ne s’est jamais rien passé de concret avec lui, vu que le lieu n’était pas idéal pour cela, mais elle sentait que c’était réciproque, qu’il y avait quelque chose entre eux ҩ elle a perdu beaucoup d’hommes sur le champ de bataille, mais elle compensait en comptant tout ceux qu’elle avait réussi à sauver ҩ elle a vu tellement d’hommes et de femmes mourir sous d’atroces souffrance que le sentiment d’impuissance est ce qu’elle déteste le plus au monde ҩ elle a perdu l’homme qu’elle aimait dans ses bras, a entendu son dernier souffle, et ne se remettra jamais de ses dernières paroles ҩ elle voit un psy depuis son retour à Manchester, mais refuse de lui parler de ce qu’elle a vécu, de ce qu’elle a vu, estimant qu’il ne comprendrait pas, malgré toute sa compassion et son empathie ҩ ses parents et son frère la regardent bizarrement, mais ne pipent mot à propos de la guerre ҩ elle se sent souvent incomprise ҩ elle ne supporte plus la vue du sang ҩ elle se dit qu’elle devrait songer à se reconvertir ҩ elle ne sait plus que faire de sa vie, quel sens elle a, si elle en a encore un ҩ elle ne supporte plus ni le sang ni la souffrance, ni les armes, ni les films de guerre ou les reportages, l’actualité du front ҩ Sidney a du mal à se sentir chez elle depuis qu’elle est rentrée ҩ elle a perdu toutes ses habitudes et elle a parfois du mal à se réhabituer au confort ҩ malgré tout, depuis son retour elle profite à nouveau de sa féminité ҩ Sid est allergique aux oranges ҩ elle n’aime pas manger du poisson ҩ elle adore ses cheveux mais les tripote régulièrement ҩ quand quelqu’un a mal, elle panique à présent ҩ pour se mettre de bonne humeur et essayer de passer une bonne journée, elle aime bien écouter des vieilles chansons des années 80 entre autres, qui la mettront de bonne humeur ҩ et, forcément, elle les chante à tue-tête, mais ça ne marche pas toujours ҩ elle se ronge les ongles quand elle est stressée ҩ


☞ once upon a time

L’heure du dîner était arrivée. Madame Harris avait passé énormément de temps à préparer le repas, mais détrompez-vous, il n’y avait aucune occasion particulière, c’était toujours comme ça. Elle était un peu vieux jeu, et aimait passer des heures en cuisine à mijoter de bons petits plats. Tandis qu’elle s’occupait du dressage, Sidney s’occupait des assiettes et des verres, Jared, son frère aîné, ramenait les couverts, et Monsieur Harris choisissait le vin qui accompagnerait ce succulent repas. Ca faisait très conventionnel, mais la famille Harris avait toujours vécu de la sorte, en dinant aux mêmes horaires, soit relativement tôt. Durant le repas, les mêmes sujets de conversations revenaient souvent, à savoir le déroulement de la journée de chacun, quelques petits potins concernant les voisins, et voilà. Sauf que Sidney avait quelque chose à leur annoncer, concernant ses études. Elle entamait sa dernière année de lycée et arrivait le moment de se décider quant à son avenir. Étrangement, les parents de la jeune femme n’avaient pas encore entamé le sujet, mais pour être franche, ils n’étaient jamais très loquaces, et préféraient attendre le dernier moment pour ce faire. Ce n’était pas très logique quant à leur côté vieux jeu, mais c’était comme ça. Sidney se racla la gorge tandis que tout le monde s’installait et commençait à dîner. Ça allait être compliqué de se lancer, elle le savait. Ses parents s’attendaient à ce qu’elle choisisse une carrière brillante, comme Jared l’avait fait. Il avait choisi le commerce et la gestion, des études qui lui permettrait de monter en grade au fil du temps, jusqu’à devenir un grand PDG d’une multinationale. Tout du moins, c’était ce que la jeune femme imaginait. Et ça correspondait bien à l’image qu’elle avait de son frère. « Hum, il faut que je vous dise quelque chose… » commença-t-elle après que ses parents eurent commencé leur récapitulatif journalier. C’était maintenant ou jamais. Sid senti tous les regards se braquer sur elle, et elle dû puiser dans son courage pour continuer. « Je… je sais ce que j’aimerais faire de ma vie, quelle carrière choisir. » Oh oui, elle savait. Depuis des années d’ailleurs. Elle n’en avait jamais parlé à sa famille parce que c’était loin d’une carrière d’avocate qu’ils espéraient, et si la profession en elle-même n’était pas dérangeante, c’était surtout le domaine particulier qui allait poser souci, Sidney le savait. Encore une fois, sa famille la regardait, attendant impatiemment qu’elle poursuive. Qu’est-ce qu’ils imaginaient à cet instant ? Bonne question… Mais même si elle le leur demandait, ils ne lui répondraient pas. « J’aimerais être infirmière… » C’était le début, la moitié de sa confession, mais le mot suivant avait beaucoup plus de mal à sortir, et de cette façon elle tâtait un peu le terrain. Mais aucune réaction n’arriva, aussi, ce fut en soupira qu’elle lâcha la bombe. « Militaire. Infirmière militaire. » Directement, elle se concentra à nouveau sur son repas tandis qu’elle savait que sa mère avait la bouche grande ouverte, que son père avait les yeux écarquillés, et que son frère était on ne peut plus perplexe. Mais au moins, elle leur avait dit. Et quoi qu’il se passe, elle ne changerait pas d’avis. C’était sa vocation, elle en était persuadée. Les Harris avaient beau ne pas parler de sujets qui fâchent, et encore moins de guerre et d’horreurs de ce genre, elle camperait sur ses positions.

Une fois son diplôme en poche, la demoiselle choisi effectivement de poursuivre ses études en s’orientant vers cette voie. En ce qui concerne la réaction de sa famille, c’était délicat. Personne ne disait rien, mais dès qu’elle relançait le sujet pour que ce soit bien clair pour eux, leurs regards en disaient long. Sidney pouvait comprendre que la guerre effrayait, que c’était dangereux, risqué, horrible. Mais c’était justement pour ça qu’elle voulait être infirmière militaire, pour aider ceux qui en avaient besoin et qui se battaient pour que cela cesse, aider ceux qui étaient prêts à offrir leur vie pour la bonne cause. Pourquoi refusaient-ils de voir que c’était tout à son honneur ? Pourquoi refusaient-ils de comprendre qu’elle avait ce besoin d’aider les autres et qu’une carrière d’avocate ne la rendrait pas heureuse ? D’un autre côté, Sidney n’avait pas vraiment à se plaindre, ses parents ne l’en empêchait pas, ils n’approuvaient pas, voilà tout. Sauf qu’ils ne disaient rien du tout, et que ça avait un peu tendance à la rendre folle. Même son frère aîné ne pipait mot. Aussi, elle décida que cela devait lui passer au-dessus. Peut-être qu’avec le temps, ils décideraient enfin de s’exprimer, ou de l’encourager ? Ou peut-être pas. Peut-être ses parents se disaient-ils qu’elle allait changer d’avis et se retirer de la tête de se spécialisé de la sorte ? Toujours était-il qu’elle commença ses études d’infirmière, bien décidée à aller jusqu’au bout pour se former par la suite dans le cadre militaire. Une première année passa sans qu’elle puisse noter le moindre changement, mais au milieu de sa deuxième année, ô miracle, ô exploit, son frère lui parla de son choix de carrière. Enfin, un membre de la famille s’exprimait. Bon bien sûr, elle se serait bien passée de son négativisme, mais au moins, il s’était un peu ouvert, ce qu’elle considérait comme une victoire. « Sid, tu crois vraiment que c’est judicieux, comme choix ? » Judicieux ? Ah, parce qu’il fallait réfléchir de la sorte, peser le pour et le contre ? « Non, c’est pas judicieux, comme tu dis, c’est une vocation. Je ne cherche pas à avoir la meilleure carrière, les meilleurs revenus, les meilleures évolutions ou qu’importe ce que tu sous-entends au juste. C’est une évidence. Je veux aider ceux qui aident, ceux qui se battent pour nous ou qui soutiennent les autres pays qui en ont besoin. » Jared lui lança un regard on ne peut plus perplexe avant de prendre la parole. « Et tu crois vraiment que tu en es capable ? Tu crois que c’est facile ? Si on ne parle pas de ça, c’est qu’il y a une raison, tu ne crois pas ? » Sidney ouvrit grand la bouche. Est-ce qu’elle en était capable ? Il la pensait trop fragile, vraiment ? « Je sais pas que ça va pas être beau à voir, j’en suis bien consciente, mais une infirmière en chirurgie voit elle aussi des trucs bien moches, faut pas croire Jared. » « C’est pas pareil… » répondit son frère du tac au tac. « Non, t’as raison, ici les gens disposent des soins médicaux, les conditions sont favorables pour des guérisons complètes. Là-bas, les soldats peuvent mourir suite à une simple infection. Alors qu’ils se donnent à cent pour cent. Tu trouves ça juste, toi ? Moi non. » Si elle s’était attendue à ce qu’allait répliquer son frère… « Ils sont conscients de tout ça, et la justice n’a rien à voir là-dedans. Tu serais prête à risquer ta propre vie, d’aller là-bas alors que tu sais combien c’est dangereux, pour tenter de les sauver eux ? Et quand bien même tu en sauves un, il va peut-être rentrer chez lui pour se rétablir, et quelques mois ou années plus tard, on l’appellera à nouveau, et cette fois-ci, peut-être qu’il ne s’en sortira pas. T’auras pas l’impression d’avoir fait ça pour rien ? » Choquée par ses propos, Sidney le regarda dans les yeux pour qu’il comprenne bien combien ses mots venaient de la décevoir. « Est-ce que tu as seulement entendu ce que tu as dit ? Tu t’en rends compte ? Tu sais que tous ces soldats ont des familles ? T’as pensé à elles juste une seule minute ? Si je peux offrir à un soldat quelques années supplémentaires en leur compagnie, je le ferais, peu importe ce que toi tu penses. » Et sur ce, elle tourna les talons en le fusillant une dernière fois du regard. Finalement, elle regrettait presque d’avoir autant voulu que sa famille s’exprime…

Et elle avait continué dans ce sens, elle était arrivée au bout. Sidney allait pouvoir partir aider les soldats qui en avaient besoin. Est-ce qu’elle avait peur ? Oui, un peu, forcément. Parce qu’elle était consciente des risques. Mais la brunette était surtout déterminée, et les regards suppliants que lui lançaient ses parents n’allaient rien changer. Ils avaient beau lui dire « n’y vas pas » elle ne rebrousserait pas chemin. « Ils ont besoin de moi. » fut tout ce qu’elle trouva à leur répliquer alors que les yeux de sa mère se remplirent de larmes. Sidney fut touchée et eut du se faire violence pour ne pas craquer elle aussi. Au fond, elle savait que ses parents s’inquiétaient pour elle, que c’était la violence et l’horreur de la guerre qui leur faisait peur. Alors, savoir que leur enfant allait s’y rendre, oui, ça devait vraiment être effrayant pour eux. Elle pouvait le comprendre, à bien y réfléchir, mais c’était ce qu’elle avait besoin de faire, c’était essentiel à ses yeux, et un minimum de soutien ne l’aurait pas dérangé. Ses parents l’étreignirent en la suppliant sans cesse du regard, mais Jared, quant à lui, la regardait fixement d’un air… et bien spécial. L’air de lui dire « tu vas te planter, tu as pris la mauvaise décision, ne compte pas sur moi pour te soutenir ». Bref, un truc pas cool. Et elle lui en voulait toujours de ses paroles qu’elle n’oublierait certainement jamais. C’est sans l’enlacer qu’elle se retourna pour prendre l’avion. Ses parents allaient lui manquer pendant tout ce temps. Bien sûr, elle pourrait rentrer de temps en temps, mais elle le sentait, ça lui coûterait beaucoup de revenir à la vie réelle en laissant ce qui comptait derrière elle pour un temps. Oui, ça allait être compliqué de rentrer chez elle quelques mois par-ci par-là. Elle devrait prendre sur elle, elle le savait. Aussi, la brunette préféra chasser cette idée. Elle n’était même pas encore arrivée qu’elle songeait déjà au manque d’envie que son retour occasionnerait. Génial… D’un autre côté, c’était une preuve irréfutable de sa motivation, même si un peu inutile puisque pour aller jusqu’au bout, il fallait vraiment en vouloir. Dans l’avion, la brunette dû reconnaître que le stress la gagnait. La guerre en Afghanistan durait depuis un moment déjà, et elle débarquait comme un cheveu sur la soupe, avec comme expérience ses seuls stages lors de ses études et sa formation d’infirmière militaire. Ca restait léger, mine de rien. Mais mieux valait ne pas y penser.

Six mois qu’elle était arrivée en Afghanistan, et le temps passait à la fois très vite et très lentement, ce qui était un paradoxe complet. En six mois, elle en avait déjà vu des horreurs. Ce qui la marquait le plus, c’était les civils touchés lors des attaques. Ces gens qui n’avaient rien demandés, qui se trouvaient au mauvais endroit un mauvais moment. Il y avait tant de gens à soigner, tant de blessés. Et si des structures avaient été installées, ça restait compliqué de soigner tout le monde correctement. C’était loin d’être évident de supporter autant de douleur, mais elle tenait bon, elle s’accrochait à l’espoir que ça irait mieux, elle avait les bons moments pour rassurer les patients (civils ou soldats) lors des soins médicaux. C’était son plus gros avantage, ce qui ressortait le plus souvent de la bouche des patients. « J’ai une bonne nouvelle pour vous Parker, vous allez garder votre jambe, le traitement fonctionne et l’amputation n’est pas nécessaire. » Elle essayait de relativiser les choses, en affichant un large sourire, et ça marchait. Parce que le seconde classe Parker avait vraiment eu très peur de l’amputation. Vivre sans une jambe lui était inconcevable, et cette bonne nouvelle lui redonnait le sourire. Sa guérison allait être longue et semée d’embuches mais ça fonctionnerait, c’était l’essentiel. « Merde alors, t’entends ça Parker ! J’pourrais pas t’appeler le canard boiteux ! Moi qui me faisait une joie… » Le principal concerné éclata de rire tandis que Sidney tentait de ne pas en faire autant, tout en regardant le soldat qui venait de dire cela. « Vous voyez comme Cohen est sympa avec moi ? Trois ans qu’on sert ensemble et mes peurs lui font plaisir. » répliqua Parker en plaisantant. Il avait l’air de se sentir mieux, c’était une bonne chose. « Dites, y a vraiment pas moyen de lui couper la jambe ? Ça lui apprendrait à faire un peu plus attention la prochaine fois. » relança le soldat Cohen en regardant Sidney puis son coéquipier. « Navrée mais non. Ceci dit, je suis convaincue que Parker a retenu la leçon. » Ce à quoi le soldat hocha vivement la tête. « Ouais, à l’avenir j’vais écouter un peu plus souvent tes conseils foireux. » L’infirmière s’éloigna des deux soldats en souriant légèrement. C’était peut-être bête et sûrement pas grand-chose mais ce genre de réaction détendait l’atmosphère, et dans ce genre de circonstances, ça faisait du bien, vraiment beaucoup de bien. C’était même essentiel pour tenir le coup dans de telles conditions. Mais Sidney avait encore du pain sur la planche, et si elle avait eu la chance d’annoncer une bonne nouvelle au soldat Parker, il n’en était pas de même pour tout le monde. Elle eut d’ailleurs rapidement une urgence, et dû affronter le décès d’un autre soldat. Certes, il était déjà condamné quand on l’avait rabattu ici, suite à l’importance de ses blessures, mais la jeune femme préférait toujours garder espoir que l’état de tel ou tel patient s’améliore. Ce qui n’était malheureusement pas arrivé pour ce soldat.

Quelques semaines plus tard, on lui proposa de rentrer chez elle pour faire un break, lui assurant que la relève était assurée, mais Sidney refusa. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas. La prochaine fois, elle accepterait, mais… pas maintenant. Sans trop savoir pourquoi, elle se sentait tout simplement incapable de rentrer chez elle. Oui, peut-être que dans six mois, Sidney serait prête à affronter sa famille, mais là, c’était juste impossible. Elle avait trop de choses à faire ici, trop de cas à suivre, de gens à sauver. Aussi, elle continua son travail à la structure médicale, se sentant parfois un peu dépassée par le nombre de nouveaux blessés, se demandant où les installer, comment s’organiser pour que tout le monde ait de la place, et ainsi de suite. Malheureusement, des lits furent libérés suites à des décès : civils, soldats Britanniques, Américains, Français ou Canadiens. Les pertes se multipliaient, et la jeune femme redoublait d’efforts pour sauver le plus de personnes possibles, bien décidée à inverser la tendance. Heureusement, tous les blessés ne l’étaient pas gravement. Le temps défilait comme toujours à une drôle de vitesse, et deux mois passèrent. « Vous êtes toujours aussi jolie à ce que je vois. » dit une voix dans le dos de la brunette, qui ne put s’empêcher de soupirer et de lever les yeux au ciel. C’était le genre de réplique qu’elle entendait à longueur de journée. Mais elle avait déjà connu pire, en même temps, après des mois voire plus d’abstinence, certains hommes pouvaient se montrer très lourd. Mais comme elle se chargeait de les soigner, ils ne s’aventuraient jamais bien loin, et c’était tant mieux pour elle. Sidney finit donc par se retourner en se préparant à répliquer son petit discours habituel quand elle fut surprise de reconnaître l’homme qui s’était adressé à elle. Tout sourire, il la regardait en se tenant le bras gauche. « Que me vaut cet honneur… Cohen, si je me souviens bien ? » Celui-ci hocha fièrement la tête avant de réplique. « Seconde classe Eric Cohen, le meilleur sniper qui soit, c’est cela même. » Forcément, Sidney ne put s’empêcher de rire légèrement face à son petit côté vaniteux, tout en s’avançant vers lui. « Vous avez bonne mémoire, Mademoiselle… Harris. » répliqua-t-il en lisant son nom brodé sur son uniforme. La jeune femme lui indiqua un lit vacant pour qu’il puisse s’y asseoir tandis qu’elle observait le bras gauche du soldat dont l’uniforme se tachait de plus en plus de rouge. « Vous vous êtes pris une balle ? Il va falloir ôter votre veste. » Professionnelle, elle commença à préparer le matériel dont elle aurait besoin, et s’affaira à sa tâche une fois que Cohen se trouvait en marcel. « Peut-être que j’avais simplement envie de vous revoir. » Là encore, elle ne put s’empêcher de rire légèrement tandis qu’elle nettoyait la plaie. « Bien sûr… Et vous n’avez pas peur que je vous dise qu’il va falloir vous amputer le bras, et que Parker pourra vous surnommer le manchot ? » Le sourire aux lèvres, elle le regarda dans les yeux tandis qu’il éclata de rire. « Touché. » se contenta-t-il de répondre en riant toujours tandis que Sidney continuait son travail et commençait l’extraction de la balle. « Vous noterez que je ne grimace même pas. » « Si vous tentez de m’impressionner, soldat Cohen, c’est raté. » Cette simple réplique lui arracha alors une grimace tandis que Sidney se retenait de sourire. « Et voilà ! » répliqua l’infirmière en lui montrant fièrement la balle avant de s’occuper de son bandage. « Je peux vous donner des antidouleurs si c’est difficilement supportable. » « Vous rigolez ou quoi ? Je ne sens rien du tout. » L’infirmière le regarda alors d’un air perplexe. « Bon, peut-être que ça fait un peu mal… Mais rien d’insupportable. » En riant, Sidney se retourna pour aller chercher les fameux antidouleurs et les lui donner. « Un comprimé vous soulagera quand vous n’aurez plus envie de vous la jouer super héros. » Bon, elle devait le reconnaître, Eric Cohen était assez drôle et avait le don de vous faire oublier les conditions horribles qui vous entouraient. Ce qui n’était pas vraiment désagréable…

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Sidney E. Harris
Sidney E. Harris

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MessageSujet: Re: SIDNEY → un jour au mauvais endroit   SIDNEY → un jour au mauvais endroit EmptyMer 31 Déc - 18:41

Cela faisait maintenant un an qu’elle était en Afghanistan, et cette fois, elle accepta de rentrer chez elle pour quelques mois. Bien sûr, les choses ne se passèrent absolument pas comme prévu. Ses parents lui en voulaient de ne pas être rentrée après six mois, de donner si peu de nouvelles alors qu’ils s’inquiétaient énormément. Mais bien évidemment, ils ne dirent rien de tout ceci, ils se contentèrent de le lui faire comprendre à travers des regards, ou certaines répliques détournées. Est-ce qu’elle se sentait bien chez elle, de retour au pays, entourée de sa famille ? Non, vraiment pas. Et ces quelques mois furent ce qui lui semblait être les plus longs mois de sa vie. Elle se sentait tellement inutile et incomprise ici. Elle avait du mal à se réhabituer à la vie « normale » au confort dans lequel elle vivait, et elle ne cessait de penser à tous ces blessés… Et dire qu’elle allait devoir alterner Afghanistan et Angleterre de la sorte… Ca la rendait légèrement malade, mais bon, c’était comme ça. Alors le temps passait, et elle profitait de ce temps là pour s’instruire médicalement parlant, histoire d’être plus performante. Jusqu’à ce qu’elle retourne enfin en Afghanistan tandis qu’elle n’avait même pas revu son frère une seule fois depuis et que ses parents jouaient la même comédie que la première fois qu’elle était partie. Ça commençait à la lasser et à la fatiguer, à force. Alors forcément, revenir en Afghanistan, c’était une excellente nouvelle pour elle, vraiment, elle en avait besoin. Et au moins la jeune femme se sentait utile. De retour dans la structure médicale, elle réalisa combien celui lui avait manqué. C’était paradoxal, mais pourtant vrai. Et la brunette retrouva immédiatement ses marques. Bien sûr, les choses avaient quelque peu changées, certains soldats avaient été rapatriés, d’autres n’étaient plus, d’autres aux blessures minimes étaient retournés au combat, etc… Mais elle se mit bien rapidement à jour concernant ces fameux changements. Mais une seule petite semaine s’écoula avant que l’on vienne bousculer ses petites habitudes. Un capitaine arriva dans la structure médicale demanda à parler à Sidney. Surprise et un peu déroutée, elle s’isola cependant avec lui pour entendre ce qu’il avait à lui dire. « Mademoiselle Harris, je suis venu vous voir pour une raison très précise. » Oui, ça, elle s’en doutait, mais la question était laquelle. Aussi, la brunette se contenta de lui poser la question d’un simple regard. « J’ai reçu l’ordre ce matin même de former une petite escouade pour se rendre dans une ville avoisinante qui a été prise d’assaut. » continua le capitaine, laissant toujours l’infirmière perplexe. « Il est relativement difficile d’avancer en toute sécurité compte tenu des nombreuses menaces, vous vous en doutez. » Effectivement, elle en était pleinement consciente puisque bon nombre de soldats blessés lui avaient fait part de leurs malheurs, aussi, elle se contenta de hocher la tête, n’osant piper mot. « Et une fois arrivés, là aussi, la situation sera complexe. De ce fait, il me semble nécessaire d’emmener avec nous quelqu’un qui saura réaliser les gestes de premier secours. Vous vous doutez que l’escouade ne sera pas composée d’une centaine d’hommes, loin de là. Une petite vingtaine à tout casser, malheureusement. » C’était léger, elle en convenait. Surtout si c’était aussi dangereux et délicat. « La vie de chaque homme sera d’autant plus importante, vous comprenez ? » Nouveau hochement de tête de la part de la brunette, qui commençait à comprendre, et osa prendre la parole. « Et… vous voulez que je vous accompagne lors de cette mission… » Et ce fut au tour du capitaine de hocher la tête. « Je comprendrais aussi que vous refusiez, mais de tout le personnel infirmier, c’est votre nom qui sort du lot. Nous avons déjà un médecin qui a accepté de nous rejoindre, bien évidemment. » Apparemment, il avait dû se renseigner, ce qui pouvait se comprendre, vu la situation. Mieux valait ne pas prendre un incompétent ou quelqu’un qui supportait mal la pression. « Le départ est prévu pour quand ? » demanda-t-elle bien qu’ayant déjà une idée de ce qu’elle allait répondre, ou tout du moins, son instinct lui criait quelque chose qu’elle écoutait. « Demain. Je suis conscient que c’est une décision très rapide à prendre, mais je peux vous laisser un peu de temps si vous le souhaitez. » Pas la peine, sa décision était déjà prise, et elle secoua négativement la tête en le regardant droit dans les yeux. « C’est inutile Capitaine, j’accepte de vous accompagner, et je suis pleinement consciente des risques que j’encours également. » Le Capitaine semblait satisfait, tout du moins c’est ce que la petite esquisse d’un sourire et son hochement de tête relativement lent semblaient indiquer à la brunette. « Dans ce cas, nous nous retrouverons ici demain matin. » Et sur ce, il s’éloigna avant de sortir de la structure, tandis que Sidney ne put s’empêcher de penser à son frère, et à ce qu’il dirait s’il était au courant. Mais elle chassa rapidement cette pensée pour se concentrer à nouveau sur son travail. Ses derniers instants ici.

Le lendemain matin, le Capitaine ainsi que toute l’escouade l’attendait devant la structure médicale. La brunette avait pris soin de prendre un paquetage contenant le minimum syndical en ce qui concernait ses besoins, et avait bien évidemment privilégié le côté médical, essayant d’être parée à toute éventualité. Oh, elle se doutait bien que malgré ses précautions cela risquait d’être compliqué, mais elle ne pouvait pas emmener plus. Aussi, lorsqu’elle sortit de la structure, le Capitaine l’accueilli en lui offrant un magnifique casque et une tenue un peu plus résistante à ce qui allait l’attendre. Autrement dit, elle allait devoir se changer d’ici quelques minutes, mais d’abord, il lui présenta l’équipe, et refit un petit topo concernant cette mission de dernière minute. Quelle ne fut pas la surprise de la brunette lorsqu’elle croisa le regard de Cohen, qui lui fit un petit clin d’œil, et celui de plusieurs autres soldats qu’elle avait déjà soigné pour des blessures minimes. En ce qui concernait le médecin qui allait la superviser, elle le connaissait déjà et appréciait sa façon de travailler. Tout le monde le surnommait "Doc". Avant qu’il ne les lui présente, elle tentait mentalement de remettre un nom sur leurs visages. Le petit rouquin c’était O’Malley, elle s’en souvenait parce qu’il avait un accent irlandais incroyable, et qu’il avait obtenu récemment la nationalité britannique. Il était bavard mais assez sympathique. En revanche, le grand blond qui ne daignait même pas la regarder était antipathique à souhait, et il avait même réussi à l’agacer tandis qu’elle s’était occupée de ses plaies un jour. Oui, elle se souvenait parfaitement de Thatcher et se demandait parfois comment les autres le supportaient aussi. À moins qu’il ne soit comme ça qu’avec les femmes… Et en parlant de femme, il y avait Vernon, une sacrée bonne femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui semblait assez autoritaire de prime abord. En même temps, ça pouvait se comprendre. Elle reconnut encore Mitchell qu’elle avait vu accompagner un autre soldat, et pour le reste, ils étaient inconnus au bataillon, et la brunette écouta donc attentivement la présentation que la Capitaine faisait de chacun. Une fois terminée, elle n’avait finalement retenu que la moitié des noms. En même temps, retenir plus d’une dizaine de prénom en quelques minutes, ce n’était pas évident, surtout quand on avait quand même un peu la trouille de ce qui allait se passer. Mais pas le temps de tergiverser, Sidney alla se changer afin que l’escouade puisse se mettre en route. Et après une petite dizaine de minutes même pas, tous les soldats furent aux aguets. « Doc, Harris, vous restez en retrait avec Saidi, l’interprète. » Ca, il ne fallait pas leur dire deux fois. En même temps, la jeune femme savait soigner, et non utiliser une arme. Et ce n’était de toute façon pas envisageable à ses yeux. Tout du moins, pas en cas d’extrême nécessité. « Vous feriez mieux de vous planquer là derrière. » proposa Cohen en leur montrant la cachette qui lui semblait idéale. Et l’interprète ne tarda pas à s’y loger tandis qu’Eric adressa à l’encontre de Sidney une dernière réplique. « Ce serait dommage d’abimer un si beau visage. » Lui offrant un petit sourire, le soldat finit par lui tourner le dos, et à pointer son arme, sur le qui-vive tandis que la brunette rejoignit rapidement l’interprète, un peu décontenancée par la réplique de Cohen. Et quelques instants, des coups de feu se firent entendre tandis que l’interprète et l’infirmière ne bougeaient pas de leur cachette, attendant le feu vert. Elle se sentait complètement impuissante, ne pouvant même pas se permettre de regarder si un membre de l’équipe était touché ou non. Le temps lui parut être une éternité, et elle détestait ce sentiment d’attente et d’impuissance combinés. « C’est bon, vous pouvez sortir ! » Sidney se releva aussitôt après avoir entendu la voix du capitaine, et son premier réflexe fut bien évidemment de vérifier que tout le monde allait bien. Elle fut soulagée quand elle les vit tous debout et sans grosse blessure. Quelques égratignures çà et là, a priori, mais c’était tout. Ce n’était pas le cas de leurs assaillants, mais plus aucun d’entre eux ne respiraient. L’escouade ne tarda donc pas à avancer tandis que Cohen se retrouvait à marcher juste à côté de Sidney. « Dites Mademoiselle Harris ? Je peux vous demander pourquoi avoir accepté une telle mission ? » La brunette eut un petit sourire avant de réplique. « Je crois que vous venez justement de le faire. » Ce à quoi Eric hocha la tête en signe d’assentiment. « Pour vous répondre, je suis là pour soigner, pour aider comme je le peux, être utile. Que ce soit dans une structure médicale installée pour cela ou pas, ça n’a pas d’importance. » Tout en regardant alentours, Eric se permit tout de même de lui jeter un regard sceptique. « Mais là, c’est beaucoup plus dangereux en l’occurrence… » « Et alors ? Si l’un d’entre vous est blessé, il aura tout de même besoin de soin. La structure médicale peut très bien se faire attaquer, ma vie n’est pas plus en danger ici que là-bas. » répliqua-t-elle en haussant les épaules, bien consciente qu’elle l’était quand même un peu plus sur le terrain, malgré ce qu’elle venait de dire. « Vous deux, la ferme. » lâcha soudain Thatcher, toujours d’une politesse effroyable… Ceci dit, tous deux savaient bien qu’il avait raison et que ce n’était pas l’endroit idéal pour discuter. D’une part parce qu’ils risquaient d’attirer l’attention, et d’un autre côté parce que Cohen était moins concentré. Après plusieurs heures de marche, plusieurs attaques, et plusieurs pseudos cachettes pour l’interprète et l’infirmière, ils approchèrent enfin du but. Jusqu’à ce qu’une nouvelle salve de coup de feu se fit entendre. Sauf que cette fois, l’assaut ne venait pas de l’escouade, qui fut prise par surprise. L’interprète savait parfaitement ce qu’il avait à faire, et le Doc et Sidney le savaient également, mais quand elle vit un soldat de l’équipe s’effondrer à terre, elle voulut prendre son élan pour le rejoindre et s’occuper de lui, mais l’interprète fut plus rapide et l’attrapa par le bras pour la mettre à l’abri avec lui. « Saidi lâchez-moi ! Un de nos hommes est à terre ! » « Vous savez très bien que si vous y allez, vous vous ferrez tuer. » Oui, elle le savait, mais la moindre parcelle de son corps lui hurlait de courir vers cet homme et de faire ce qui était en son possible pour lui sauver la vie. Et l’homme à terre criait… Ils entendaient ses plaintes malgré les balles. Saidi refusa de la lâcher, sachant très bien comment elle se comporterait. Une nouvelle éternité passa aux yeux de la brunette qui prenait sur elle comme elle le pouvait. Les plaintes étaient de moins en moins audibles. Jusqu’à ce que plus aucune balle de soit échangée. Il y eu un petit blanc avant le feu vert. « Doc, Harris, Walker est touché ! » Pas besoin de le lui dire deux fois, elle attrapa sa trousse de premiers secours et Saidi la lâcha aussitôt tandis qu’elle accourait vers le blessé, le médecin sur les talons. Cohen avait déposé la tête du blessé sur ses jambes tandis qu’il essayait d’arrêter l’hémorragie en redoublant de pression sur l’abdomen du blessé, qui avait lui-même eu ce réflexe une fois touché. D’où son agonie. Sidney agit rapidement en évaluant la situation et sortait déjà ce dont elle avait besoin. Sauf qu’ils savaient tous les trois que ce serait presque un miracle si Walker s’en sortait. Il avait agonisé pendant bien trop longtemps, mais la jeune femme fit tout ce qu’elle put pour tenter de le sauver, d’inverser la vapeur. Doc, lui avait déjà compris l'issue de cette situation, mais il laissait faire Sidney, connaissant son acharnement, refusant de lâcher prise avant que ce ne soit vraiment terminé. Ce fut vain puisque Walker ne survécu pas à ses blessures, mais au moins, elle avait tenté. Bien sûr, elle se demandait s’il en aurait été de même si elle avait tout de suite accouru vers lui… « Vous avez fait ce que vous avez pu… » En relevant la tête vers Cohen, elle se contenta de la hocher légèrement avant d’essuyer ses mains pleines de sang.

Le soir tombait et l’escouade avait trouvé refuse dans une maisonnette isolée et abandonnée. Chaque soldat avait son tour de garde à assurer. Cohen fut le premier à monter la garde, et Sidney n’arrivant pas à trouver le sommeil décida de le rejoindre un peu dehors. À l’intérieur, elle étouffait et ressassait la mort de Walker tandis que les autres soldats avaient un peu discutés et s’étaient finalement endormis. Sauf le capitaine qui restait près de la fenêtre, à monter la garde, lui aussi. « Ca vous dérange si je reste un peu avec vous ? » demanda la brunette au soldat Cohen. Dans l’obscurité, il lui semblait qu’il venait de lui sourire, mais peut-être était-ce une simple illusion, quoi qu’il lui souriait beaucoup en règle générale. « Pas du tout, au contraire. » Cette fois, elle en eut la certitude. Il y avait ce je ne sais quoi dans sa voix qui lui confirma sa sensation première. Ca s’entendait, en fait. « Vous êtes très courageuse vous savez. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce que vous faites. » Perplexe, elle fronça les sourcils même s’il ne pouvait pas le voir. « De soigner les gens ? D’essayer de sauver des vies ? » Il y eu un petit blanc qui indiquait que Cohen réfléchissait à la façon dont il allait tourner sa réponse. « De penser aux autres avant de penser à vous-même. Je vous ai entendu parler à Saidi, vous vouliez y aller malgré les coups de feu. » Et si elle s’était écoutée, peut-être que Walker serait toujours en vie. Cette pensée tournait en boucle dans son esprit, c’était plus fort qu’elle. « Vous faites la même chose. Vous vous battez pour sauver un pays tout entier, vous risquer votre vie pour celles de millions d’autres personnes. Et beaucoup d’entre vous n’y survivent pas. » Leurs professions étaient peut-être différentes, mais leurs intentions étaient finalement les mêmes. « Dans ce cas, je pense que nous pouvons être fiers de nous, de ce que nous faisons. » Il avait raison, il y avait de quoi. Mais c’était tellement frustrant quand on y arrivait pas… « Et je suis sûr que Walker vous remercie d’avoir fait ce que vous pouviez pour lui. Il n’a pas eu le temps de vous le dire, mais il le pensait, j’en suis persuadé. » Dans l’obscurité, Sidney esquissa un petit sourire. Cohen avait le don de provoquer ça chez elle depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Il arrivait à voir le bon côté des choses là où il n’y en avait pas toujours. « Merci d’essayer de me remonter le moral, soldat Cohen. » « Appelez-moi Eric, s’il vous plait. Ca fait bien trop formel tout ça. Et je sais combien c’est dur de perdre une vie, de ne pas réussir à sauver quelqu’un. Mais vous avez vraiment fait tout ce que vous pouviez, vous avez continué quand d’autres auraient tout bonnement abandonné bien avant vous. » Et là encore, il avait raison. Étrangement, ça lui faisait beaucoup de bien d’entendre ceci. C’était vraiment réconfortant, au final. « Et maintenant, vous devriez aller dormir, Mademoiselle Harris. » C’était ce qu’elle comptait faire, réalisant que sa conscience était un peu plus légère et qu’elle allait peut-être pouvoir fermer l’œil à présent. « Sidney. » dit-elle en se levant et en ouvrant la porte de la maisonnette. « Dormez bien Sidney. » entendit-elle Eric lui répondre avant qu’elle ne referme la porte derrière elle. Finalement, deux autres jours et deux autres nuits passèrent avant qu’ils n’arrivent enfin à destination. O’Malley fut blessé en court de route, mais Doc et Sidney avaient eu le temps de réagir, et ses blessures n’étaient pas si graves que cela. Les soldats réussirent à reprendre le contrôle de la ville prise d’assaut, et avant d’y parvenir, à quelques kilomètres de là, ils découvrirent des soldats survivants qui s’étaient réfugiés là où ils le pouvaient, n’étant pas assez nombreux pour reprendre le contrôle de la ville. Mais ensemble, ils y parvinrent à trouver un plan d’attaque, et celui-ci fonctionna. Bon nombre d’Afghans furent tués lors de cette mission périlleuse, mais la brunette dû avouer qu’elle éprouvait moins de compassion pour eux après avoir vu Walker mourir sous ses yeux. C’était différent de voir un soldat arriver à la structure médicale suite à une blessure, et d’entendre les coups de feu échangés pour retrouver un soldat de son équipe dans un état pitoyable et finir par le perdre. Les soldats reprirent donc le contrôle de la ville, et quelques jours plus tard, ils furent rejoints par de nouveaux membres. La structure médicale installée en avait pris un petit coup, mais était toujours utilisable, et du personnel médical fut également rabattu par ici. En fin de compte, cette ville dont la jeune femme n’arrivait pas à retenir le nom malgré ses nombreuses tentatives fut sa nouvelle assignation. Et elle le resterait un moment, d’après ce qu’on lui avait dit. Pour être franche, la jeune femme y passera finalement quatre ans et demi. Elle ne rentrait chez elle qu’une fois par an, refusant de rentrer tous les six mois. À quoi bon ? Sa famille ne comprendrait pas plus, et elle ne se sentait pas bien quand elle rentrait au pays. À choisir, oui, elle préférait rester ici, d’autant qu’elle appréciait certains soldats, comme Vernon qui venait parfois la voir le soir pour avoir une simple discussion un peu plus féminine. Il ne fallait pas croire qu’elle était un garçon manqué parce qu’elle s’était lancée dans cette voie. Et Vernon en avait souvent plus qu’assez de se retrouver entourée d’hommes. Surtout quand il s’agissait de Thatcher l’antipathique. Outre Vernon, Sidney devait avouer que Cohen lui plaisait de plus en plus. Et en quatre ans, ils avaient eu tout le loisir d’entretenir leur drôle de relation. Pour être tout à fait franche, Sidney était sous le charme. Depuis le début, en fin de compte. Et puis, il avait beaucoup de charme. Il devait avoir quelques années de plus qu’elle, mais pas énormément non plus. Au final, le courant passait bien, et ils aimaient discuter et flirter un peu. C’était amusant et ça faisait du bien dans un tel cadre. Est-ce que c’était réel ou seulement pour oublier les horreurs de la guerre ? Au début, elle n’avait su dire, mais au fil du temps, elle avait réalisé que c’était réel. Certains regards, certaines paroles ne trompaient pas. Sauf qu’il ne se passerait rien ici. Ce n’était pas le lieu ni le moment.

Il y a six mois de cela, le capitaine revint la voir pour lui faire part d’une nouvelle mission, et Doc avait déjà accepté. Une autre ville avait été prise d’assaut. Si la mission en soi était la même, les conditions changèrent un peu puisque pour le coup, c’était encore plus dangereux de s’y rendre et la ville se situait plus loin. Autrement dit, un parcours semé d’embuches les attendraient. Mais Sidney eu la même réaction que la première fois, et accepta. Avec le temps, elle avait développé certaines relations avec l’escouade, et il lui semblait totalement ridicule de ne pas faire partie de cette mission, de les laisser y aller sans elle, sans ses capacités médicales. Non, elle ne se voyait pas rester ici, se demandant comment ils allaient, comment la mission se passait. Oui, peut-être que les sentiments qu’elle avait développé pour Eric au fil des années avaient joué dans cette décision aussi, parce que clairement, elle en était tombée amoureuse. Ce constat, elle ne l’avait fait que très récemment. Les premiers jours, tout se passaient exactement de la même manière que la dernière fois. L’interprète et l’infirmière restaient à couvert tandis que les soldats s’occupaient des assaillants. Mais à chaque fois, la brunette avait tendance à surveiller Eric, c’était plus fort qu’elle. Autant elle était rassurée quand elle le savait caché à confirmer qu’il était un sniper très doué, autant elle l’était beaucoup moins quand il était sur le terrain. Mais les choses se déroulèrent plutôt bien les premiers jours. Vernon fut blessée mais l’infirmière et le médecin s’occupèrent rapidement d’elle et réussirent à extraire rapidement et sans dommage collatéraux la balle qu’elle s’était prise en pleine poitrine. À quelques centimètres près, Vernon était foutue. Elle avait eu beaucoup de chance. La jeune femme avait un peu de mal à respirer mais elle se montrait toujours très courageuse, c’était une battante, et malgré sa blessure et ses difficultés, elle ne lâchait rien et dès qu’une salve de coup de feu se faisait entendre, elle était la première à répliquer. Une vraie tête brulée. Deux jours passèrent avant que les choses ne dégénèrent vraiment. L’escouade venait d’être prise en embuscade. Saidi l’interprète et Sidney avaient été contraints d’apprendre à tirer suite à leur première mission. En cas d’extrême nécessité. Comme maintenant, en somme. Rapidement, ils furent tous deux contraints de sortir leurs armes et d’essayer de se défendre pour se mettre à l’abri. C’était le protocole que le capitaine leur avait inculqué, et c’est ce qu’ils firent. Doc aurait dû être avec eux, mais il avait été en tête de peloton, plongé dans une discussion avec le Capitaine. Il avait dû se mettre à l'abri ailleurs, ou aider d'autres soldats. Mais Sidney était au plus mal moralement parce qu’elle ne savait pas comment allaient les autres. Elle entendait des cris, mais cette fois-ci, elle ne savait pas de quel camp ils venaient. Jusqu’à ce qu’elle se penche un peu de côté pour essayer de voir quelque chose. Là, elle repéra Thatcher à terre. Son cerveau se mit à réfléchir à toute vitesse. « Saidi, je vais avoir besoin de votre aide. Thatcher est blessé, à quelques mètres à peine de nous. Il faut qu’on le ramène ici pour que je puisse m’en occuper. À deux, ça ira plus vite, on a juste à le tirer jusqu’ici… » L’interprète sembla étudier la situation quelques instants avant de secouer la tête « C’est trop risqué, on aura jamais le temps. » Foutu trouillard, pensa-t-elle. Elle le fusilla du regard avant de foncer vers Thatcher. Il avait beau être antipathique, elle s’était quand même attachée à lui, au fil des années. Et il méritait comme tout un chacun d’être sauvé. Se souvenant très bien de la mort de Walker, elle ne voulait pas commettre la même erreur. Voilà pourquoi elle s’était élancée vers le blessé. « Bordel, Sid, qu’est-ce que tu fous ?! » hurla Vernon qui venait de la remarquer avant de tirer en direction de Sidney, juste derrière elle, vers un assaillant. L’infirmière fut un peu sous le choc mais revint bien vite sur terre. « C’est bon, j’te couvre. » Un dernier regard vers Vernon pour la remercier avant de s’occuper des blessures de Thatcher. « Pourquoi tu fais ça ? » demanda celui-ci d’une petite voix, déjà bien affaibli par le sang qu’il avait perdu. Sidney s’activa immédiatement. Il n’y avait pas une seconde à perdre. « T’es un petit con, c’est vrai, mais tu croyais vraiment que j’allais te laisser te vider de ton sang sans rien faire ? » La brunette appuyait de toutes ses forces sur son torse afin de stopper l’hémorragie. Jusqu’à ce qu’elle entende une voix féminine crier et en tournant la tête, elle vit Vernon s’effondrer à quelques mètres d’elle. L’adrénaline était à son maximum et elle réalisa qu’elle était en plein milieu du champ de bataille et que plus personne ne la couvrait. Tout du moins jusqu’à ce qu’elle entende des coups de feux derrière elle. Là, elle vit Saidi se servir de son arme depuis sa cachette. « Je… Harris, j’ai besoin de… morphine… » Sidney déglutit difficilement en réalisant que l’hémorragie de Thatcher ne s’arrêtait pas. « C’est… fini… Plus rien à faire… pour moi. Va voir Vernon. » Là encore, le cerveau de la jeune femme était hyperactif. Rapidement, elle lui donna sa dose de morphine. « Vernon, tu tiens le coup ?! » « Je… Putain que ça fait mal ! » Durant un instant, elle hésita. Vernon avait besoin d’elle, mais elle ne pouvait pas laisser Thatcher mourir seul dans ces conditions. « C’est bon, vas-y, je reste avec Thatcher. » Surprise, elle tourna la tête et vit Eric qui venait de la rejoindre. « Allez, vas-y ! » Elle hocha la tête et finit par se précipiter avec ses affaires vers Vernon. « Merde, Sid, ça fait un mal de chien. » Forcément, elle venait de se prendre une balle à quelques centimètres de sa blessure, un peu plus près du coeur. Le premier réflexe de l’infirmière fut de lui donner de la morphine à elle aussi. « J’vais mourir Sid ? Dis-moi si j’vais mourir. » Le problème, c’est qu’elle n’en savait fichtrement rien, parce qu’elle n’arrivait pas à déterminer si la balle était sortie ou non, si elle avait brisé une artère sur son passage ou si c’était simplement la plaie qui saignait autant. « Sid, réponds-moi ! » continuait Vernon en l’attrapant par le bras. « Je… Je sais pas Anna… J’en sais rien. » Désemparée par la réaction de la jeune femme, Sidney avait un peu de mal à réfléchir. « Il… Il va falloir que je te retourne un peu pour voir si la balle est sortie ou non, d’accord ? » En guise de réponse, un simple hochement de tête avant que l’infirmière ne s’exécute. Merde, la balle lui était passée à travers… En voyant la tête qu’affichait Sidney, Anna Vernon comprit tout de suite qu’elle allait y passer, elle aussi. « Sid… Faut que tu me promettes un truc. » Serrant les dents pour ne pas craquer, parce qu’au fil des années, Anna était devenue une amie, elle hocha la tête pour encourager la jeune femme à continuer. « Je… J’suis divorcée depuis trois ans maintenant. Et… mère d’un petit garçon, mais c’est mon ex-mari qui en a la garde. J’ai pas vu mon fils depuis le divorce… » C’était dur, d’encaisser ce coup… parce qu’elle pressentait ce que son amie allait lui demander. « Faut que tu les retrouves, et que tu dises à mon fils que je l’ai toujours aimé. » Sidney hocha frénétiquement la tête en serrant la main de son amie. « J’te le promets Anna, et je lui dirais combien sa maman était courageuse, et combien il peut être fier de toi, d’accord ? » Anna pleurait et avait de plus en plus de mal à respirer. Aussi, l’infirmière décida de lui donner une seconde ampoule de morphine. Quelques minutes plus tard, Anna ne respirait plus. Et Sidney avait complètement oublié où elle se trouvait, et les coups de feu qui continuaient à se faire entendre. « Viens, faut qu’on bouge. » Cohen venait de l’attraper par le bras, la forçant à se relever et l’entraînait à sa suite. Un peu sonnée, Sidney avait du mal à reposer pied à terre. Elle reprit un peu ses esprits en réalisant qu’Eric avait sorti son sniper, et qu’ils s’étaient un peu éloignés du champ de bataille. « C’était complètement inconscient ce que t’as fait tout à l’heure. » dit-il sans même la regarder, avant de tirer et d’abattre un homme. « T’aurais pu te faire tuer. » Oui, mais… Elle n’y avait pas pensé. Si elle était là, c’était pour soigner, tenter de sauver les autres. C’était ça, sa mission à elle. « Saidi m’a couvert après… » « Pas longtemps, il s’est pris une balle en pleine tête. » Sidney ouvrit grand la bouche sur le coup, elle n’avait pas réalisé… « Mais… » « C’était moi, Sid. » Lui qui l’avait couvert par la suite. Lui qui était venu pour rester auprès de Thatcher tandis qu’elle s’occupait de Vernon. Elle le regardait en se disant qu’il avait tout fait pour elle aujourd’hui, et le jeune homme détourna la tête de son viseur pour la regarder, lui aussi, à cet instant précis. Ce qui fut la plus grosse erreur de sa vie, puisqu’à peine quelques secondes plus tard, il reçut une balle et tomba sur le dos. « Un… Autre sniper. » Immédiatement, Sidney s’était précipitée au-dessus de lui, et commençait les soins. Sauf que les snipers visent un endroit très précis… Et ne rate que très rarement leur cible. « Non, non, non, Eric, restes avec moi. » Cette fois, Sidney était complètement dépassée, et surtout paniquée à l’idée de le perdre. « T’as pas le droit, tu m’entends ? T’as pas le droit… » Les larmes commencèrent à couler tandis qu’elle s’affairait à essayer de le maintenir en vie. « Sidney, y a une lettre pour toi dans la poche de ma veste. » La voix d’Eric s’affaiblissait, ses forces commençaient déjà à l’abandonner. « Non, tais-toi ! Commences pas à me faire des adieux, je te l’interdis. Tu vas t’en sortir, d’accord ? » Elle était dans le déni complet, parce que ce n’était pas envisageable à ses yeux qu’Eric perde la vie. « Et il y a quelque chose que je ne t’ai jamais dit… » « NON ! Tais-toi ! » Ses larmes redoublèrent, sa voix tremblait de plus en plus. Il était en train de lui dire au revoir, et elle sentait qu’elle le perdait un peu plus chaque seconde. Il s’éloignait d’elle, de la vie. « Il faut que je te le dise… Je peux pas faire autrement… » La jeune femme ferma les yeux tant ça lui faisait mal, à elle aussi. « Je t’aime. » Elle eut du mal à rouvrir les yeux, à le regarder lui dire ça, lui dire au revoir, lui confirmer qu’elle ne s’était pas trompée. « Eric… Restes avec moi. T’as pas le droit de me laisser comme ça, encore moins après m’avoir dit ça ! » « Je suis désolé… » Sa voix était à peine audible, un murmure. « Non, Eric ! » Mais c’était trop tard, il était déjà loin…

Il était parti, et elle n’avait bougé, elle était restée là, se moquant éperdument de ce qui se passait à côté, de savoir si elle était à son tour dans le champ de mire du sniper, de savoir si les rafales s’étaient arrêtées ou non. Elle s’en moquait complètement parce que ça n’avait plus de sens pour elle. Et elle ne pouvait pas se résoudre à laisser Eric là. De toute façon, elle n’avait pas la force de bouger. Le seul mouvement qu’elle fit, fut pour chercher la fameuse lettre dans la poche du soldat dont elle était tombée amoureuse, et auquel elle n’avait même pas confié la chose. Cette lettre, c’était tout ce qui lui restait de lui. « Harris ! Cohen ! Mais bordel, où est-ce qu’ils sont passés ?! » s’énerva la Capitaine. Elle l’avait entendu mais comme un bruit de fond auquel elle ne prêtait pas vraiment attention. « Harris… » Cette fois, la voix du Capitaine était tout proche. Il devait être juste à côté d’elle. « Sidney, venez… » Le Capitaine la prit par le bras, et à bout de force, elle se laissa faire tandis que des larmes silencieuses coulaient encore sur ses joues. La jeune femme se souvint avoir marché, longtemps. Elle se souvint avoir croisé le Doc, O’Malley, et quelques autres. Mais ce qui la frappait surtout, c’était tous les absents. Il avait suffi d’une embuscade… Un instant au mauvais endroit et tout s’était effondré comme un château de carte. Le reste de la mission se passa bien, tout du moins, elle avait cette impression, parce que la jeune femme avait du mal à reposer pied à terre. Plus rien n’avait de sens à cet instant et elle se sentait spectatrice plutôt qu’actrice. Elle ne se sentait plus concernée par tout ceci. Et pour être franche, elle ne se souvenait même plus de l’assaut de cette nouvelle ville, parce que son esprit était loin. Quelques jours plus tard, Doc lui diagnostiqua un stress post-traumatique suite aux nombreuses pertes lors de l’embuscade, et surtout celle de Cohen. Sidney était devenue complètement inutile, et il fut rapidement décidé qu’elle rentrerait au pays. Elle avait besoin d’aide pour surmonter tout ceci. Alors, elle fut renvoyée chez elle. Sa famille avait été mise au courant, mais personne n’exprimait quoi que ce soit, pour ne pas changer. Heureusement, depuis quelques années déjà, Sidney avait pris un appartement rien que pour elle et la jeune femme n’avait pas à affronter tout le temps sa famille et leur incompréhension, leur manque de soutien. Depuis son retour, soit depuis près de cinq mois et demi, Sidney voit un psychiatre. Mais là aussi, c’est compliqué. Elle a toujours eu l’impression qu’il ne pourrait jamais la comprendre, alors elle a préféré ne pas lui raconter. Et son trop plein d’empathie l’a toujours bloqué. Comment se confier sur les horreurs de la guerre ? Comment trouver les bons mots ? Et pourquoi le faire ? Pourquoi revivre tout cela à travers les paroles ? Sidney n’y arrive pas, c’est aussi simple que ça. Tout comme elle a eu beaucoup de mal à lire la lettre d’Eric. Ce n’est qu’il y a un mois qu’elle a réussi à l’ouvrir et à commencer sa lecture. Avant, c’était trop frais, trop irréel pour elle. Trop dur, aussi. Les dernières paroles que l’homme qu’elle aimait mais avec qui il ne s’est rien passé de concret lui a adressé. Et dans cette lettre, il lui révélait qu’il avait réussi à pouvoir rentrer au pays en même temps qu’elle. Il était anglais, lui aussi, il vivait à Manchester… Ils aurait pu… Oui, ils auraient pu… Mais ils n’ont jamais eu cette occasion. Et aujourd’hui, Sidney se sent perdue. Elle a du mal à remonter la pente, à retrouver un sens à sa vie. Elle sait qu’elle ne pourra plus reprendre son travail, qu’elle ne pourra même plus être infirmière parce que ça l’a trop marquée. Mais elle ne sait plus se projeter dans l’avenir, parce qu’elle devait improviser, vivre au jour le jour. Et qu’à présent, plus rien n’a de sens.
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SIDNEY → un jour au mauvais endroit

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